By MORGANN GICQUEL


D'où je viens ?

Deux choses ont marqué mon enfance : la caméra de mon père, grand reporter pour France 2, et les jouets Jurassic Park de Mac-Donald entassés dans les grand bacs de l’école maternelle. Tout est là. Dans les monstres minuscules qui ont nourri mon imagination et dans la fascination d’un appareil monstrueux qui faisait presque ma taille, et qui pouvait enregistrer ce que je voyais.

Pour mes onze ans je reçois lego studio, un plateau de tournage en lego avec mini caméra et mini logiciel de montage ; je découvre alors les joies de l’animation image par image avec un plateau à ma mesure.

C’est à treize ans que se déclare ma passion cinéphilique je me lève une heure plus tôt, tous les matins, avant d’aller au collège, pour regarder un nouveau film. C’est ainsi qu’avant de m’instruire je m’éduquais avec Polanski, Spielberg, Weir, Kubrick, Lynch – pour ne citer qu’eux – pendant un peu plus de quatre ans.

À quatorze ans, je filme tout : mes amis, mon chien, mes parents, la mer, le ciel, la lune, des lego. Je fabrique quelques petites histoires avec mes amis et les moyens du bord. En troisième je réalise avec trois camarades un documentaire vidéo de 14min sur la Shoah.

Malgré une réelle fascination pour les sciences mes notes s’effondrent. Je compense cette ascolarité en suivant assidûment les séances de l’atelier cinéma de mon lycée où nous expérimentons l’art vidéo. Bien décidé à suivre ma propre expérience, et en pleine découverte du cinéma de Kubrick, je me lance, avec mon matériel, et quelques camarades, dans la réalisation d’un moyen-métrage de 50min. Une projection payante attirera 150 personnes.

Je réitère l’expérience, en terminale, avec un second moyen-métrage l'année du Bac. Le film qui s’intéresse au malaise des jeunes face aux examens bénéficiera d’une certaine publicité grâce à un dossier sur ce sujet dans le magazine Marianne. 

Après avoir obtenu le bac S je me dirige vers Paris VIII où je peux suivre un cursus de philosophie et cinéma. Moi qui ai toujours rêvé d’une éducation la plus ouverte possible, je suis plutôt servi.

Pendant l’été mes anciens camarades et moi décidons de former une association dont le but sera d’aider les jeunes de quinze à vingt-cinq ans dans la réalisation d’œuvres à caractère cinématographique dans les domaines du film, de l’animation, et de la musique. J’en deviens le président.

Au second semestre de ma première année de licence, je m’engage dans la lutte contre la LRU et réalise une série d’expériences vidéo notamment autour de la Ronde Infinie des Obstiné(e)s. 

Ainsi à l'âge de 21 ans, arrivé en troisième année de licence et ayant réalisé plus d'une vingtaine de films en amateur, je parviens à donner un cours semestriel à l’université dont l’intitulé reprend le questionnement qui m’ anime depuis mes neuf ans : « Qu’est-ce que le cinéma ? ».